Mérile Chancia MBANG MBA AKI - La Méduse aux cheveux crépus : une esthétique féminine noire dans Eva’s Man de Gayl Jones

Mérile Chancia MBANG MBA AKI
merile.mbang-mba-aki@etu.univ-nantes.fr
Nantes Université, Centre de recherche sur les identités, les nations et l’interculturalité, CRINI, UR1162, F-44000 Nantes, France
 
Résumé
Eva’s Man (1976) établit un parallèle singulier entre le personnage principal Eva et la Méduse. Si dans la mythologie, c’est le regard de ce personnage féminin qui menace et si c’est sa tête décapitée qui figure l’horreur de la castration, chez Gayl Jones, ce sont les personnages féminins qui sont investies par le regard. Produit d’un ordre symbolique phallocentré, il pèse sur elles au point d’en structurer la subjectivité. Défait de sa dimension dialogique, le regard se présente, pour la Gorgone tout comme pour Eva, comme exclusivement masculin. Lors de la décapitation de la Méduse, Persée se sert d’un bouclier de bronze réfléchissant pour ne pas s’exposer à son regard mortifère. De même, dans notre texte, le regard masculin est intrusif au point qu’il ne semble pas admettre le regard de l’autre en retour. Le regard entre donc au sein d’un appareillage mobilisé pour rendre manifeste la censure du féminin, en l’occurrence du féminin noir dont les cheveux – traits corporels – figurent dans le texte au travers du regard masculin un corps féminin exorbitant.
Mots clés
Eva’s Man ; Gayl Jones ; regard masculin ; La Méduse ; corps féminin noir ; Littérature afro-américaine.

Abstract
 
Gayl Jones’s usage of Medusa in Eva’s Man (1976) has a subversive purpose. In the mythology it is the gaze of this female figure that threatens with her decapitated head representing the horror of castration, while in Gayl Jones's novel the female characters are those invaded by the gaze. Based on the phallocentric symbolic order, the masculine gaze weighs on females to the point of structuring their subjectivity. Stripped of its dialogical dimension, the gaze is for Gorgon, as it is for Eva, exclusively male. During the decapitation of Medusa, Perseus uses a reflective bronze shield to avoid being exposed to her deadly gaze. Similarly, in our text this masculine gaze is so intrusive that it does not allow for reciprocity. Thus, it is conceived to implement a censorship of femaleness, in our case, black femininity. Here, the black woman’s hair and body in particular are depicted through the male gaze as a feature of an exorbitant body.
Keywords
Eva’s Man ; Gayl Jones ; male gaze ; Medusa ; the black female body ; African American literature.
Mis à jour le 28 mars 2023.
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