N°9 - Juin 2017

Global Shopping Village, documentaire de la réalisatrice autrichienne Ulli Gladik, a inspiré à des germanistes et des italianistes du CRINI, l’idée d’un colloque, dont la thématique relève du domaine des études menées au sein du laboratoire, intéressé par les notions d’interculturalité, de transferts et d’échanges. Le colloque Global Shopping Village. Transformations et évolutions des espaces urbains, périurbains et sociaux en Europe des 22 et 23 avril 2016 était consacré aux nouveaux centres commerciaux ainsi qu’à leurs effets sur les plans économique, environnemental et sociétal. En périphérie des villes, ces espaces multi-fonctionnels, non-lieux de vie sociale sans identité, sont conçus de manière à accentuer le réflexe consumériste en produisant du simulacre sous le vernis de l’hypermodernité. S’ils permettent de démocratiser et d’optimiser l’accès à des biens, services et pratiques de consommation, ces complexes périurbains se sont développés sous des formes variées, du centre commercial classique au mégacentre futuriste en passant par le village de marques, et même le paquebot de croisière, véritable « déclinaison flottante » du shopping mall. Dix contributions, suivies d’un essai sur la problématique du film et d’une interview de la cinéaste, ont attesté la diversité des aspects que peut revêtir la notion de « village mondial de consommation ». Les différents regards portés ont permis d’en souligner les attraits mais aussi les dangers. L’esprit d’hédonisme pour ainsi dire touristique qui a présidé à la création de ces vastes espaces dissimule, outre une incitation accrue à la dépense, une intention mercantiliste qui tend à déconnecter du réel, aliéner, voire acculturer, au lieu de favoriser le lien relationnel.

Le 29 avril 2016 suivait une Journée d’étude, qui nous transportait dans le passé lointain de la période médiévale en perpétuelle mutation du fait des innombrables échanges et transferts d’idées, textes, et marchandises, dont elle fut témoin. La transition est toute trouvée, puisque Dette et endettement dans les textes médiévaux nous fait passer de l’univers contemporain du mercantilisme symbolisé par les « espaces-temples » de consommation à la réalité économique au Moyen-Âge de la dette et des relations de dépendance qui en découlent. Les articles de cette Journée d’études n’envisagent pas la seule acception financière de la notion d’endettement, puisqu’ils examinent d’autres sens possibles; la dette d’honneur, d’amour, ou envers le groupe social, mais surtout les « auteurs » de l’époque médiévale sont redevables envers leurs prédécesseurs à qui ils empruntent tout en innovant. C’est ce que démontrent les six articles réunis. La Journée d’étude constitue le second volet d’une réflexion proposée par Agnès Blandeau à des collègues médiévistes, littéraires et historiens. Une première rencontre, la Journée d’étude du 6 mars 2015 intitulée Passages et passeurs : faits, fiction et transitions au Moyen-Âge, traitait de la porosité des frontières géographiques, culturelles, et littéraires entre la fiction et les faits revendiqués (ou pas) comme sources d’inspiration, ou bien simplement entre différents textes, le plus souvent des réécritures témoignant d’un subtil réseau d’influences et de contaminations linguistiques et thématiques. Les quatre contributions mettent en lumière la conception qu’avaient les médiévaux de la transmission, de la passation d’une tradition littéraire ou d’une culture à l’autre.

E-crini 9 publie par ailleurs le mémoire de Master 2 rédigé sous la direction du Professeur Georges Letissier par Arthur Bienfait, The secret files of Dr Watson: three neo-victorian adaptations of the adventures of Sherlock Holmes.
Enfin, le lecteur trouvera l’agenda des événements du CRINI ainsi que les dernières publications des membres du laboratoire. Je tiens à remercier Angélique Renaud pour son aide précieuse.