N°7 - Novembre 2014

Avant-propos


Fruit de réflexions menées plus particulièrement au sein de l'axe thématique Mémoire, écriture et représentation de la Nation du CRINI, les travaux rassemblés dans le numéro 7 d'E-Crini déclinent cette problématique sous des angles spécifiques et complémentaires : théorique, historique et littéraire, dans un premier diptyque issu de séminaires de recherche, artistique sur fond de questionnement identitaire dans les six interventions d'une journée d'études consacrée à la photographie de paysages nationaux.              

Deux séminaires de recherche, Autour des fondamentaux théoriques sur le concept de nation, tenu par Paul Lees le 20 février 2014, et La littérature a-t-elle (encore) quelque chose à voir avec le concept de Nation ? organisé le 20 mars 2014 par Bénédicte Terrisse et Georges Letissier, ouvrent le présent numéro. Paul Lees dresse un état des lieux des tentatives de définition des concepts de nation et nationalisme, à partir des cas britannique, français et allemand, où cette question cruciale a suscité des débats et théories dont nous sommes les héritiers. Bénédicte Terrisse démontre que la littérature germanique après 1945 questionne un sentiment national ébranlé par la Seconde Guerre mondiale et sujet à caution. La production littéraire contemporaine d'expression allemande participe d'une démarche qui revisite et transcende un passé douloureux en proposant de nouvelles pistes d'exploration identitaires et culturelles.

Journée d'études organisée le 28 mars 2014 par Jane Bayly et Julie Morère, The American and British Nations in Contemporary Landscape Photography analyse le reflet de l'identité nationale dans la photographie contemporaine aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Jean Kempf invite à considérer la photographie américaine contemporaine de paysage comme pratique métonymique d'un art réduit à l'auto-réflexivité, dans un présent où le dialogue entre les images épuise la traditionnelle fonction de métaphore sociale de la photographie aux États-Unis. Créateur de photographies grand format, Shreepad Joglekar interroge dans ses œuvres récentes le paysage américain depuis la perspective d'un observateur immigré, dont la perception de ce nouvel environnement, façonnée par des représentations propres à sa culture indienne, a permis l'intégration socioculturelle. Le regard de Corinne Silva sur les rapports photographie-paysage est celui d'une artiste : ses récents clichés de déserts mettent en évidence la porosité des frontières, la mobilité des populations et les enjeux politico-économiques en filigrane dans la reproduction d'une réalité géographique prêtant à une fructueuse réinvention. La photographie de la scène rurale, subvertie par l'Afro-britannique Ingrid Pollard, s'avère selon Mathilde Bertrand un « révélateur » sociologique et identitaire éclairant de la complexe réalité multiculturelle de la Grande-Bretagne d'aujourd'hui, où la tradition picturale paysagère ne peut plus ignorer au sein de ses frontières la légitimité de l'appropriation du paysage britannique par les citoyens de l'ancien empire colonial. Karine Chambefort-Kay s'intéresse à la réévaluation de l'anglicité à travers un projet de photographies de paysages mené par l'artiste Simon Roberts. Les situations des sujets représentés et leurs expériences du paysage renouvellent et redynamisent la notion même d'identité anglaise. Julie Morère est sensible à l'originalité de la photographie de mode telle que la pratique le Britannique Tim Walker. L'ancrage de ses clichés dans des lieux fantasmés produit un style esthétisant, plus insolite que réaliste. Le travail de Walker traduit un sentiment d'appartenance nationale, que suscite la fonction signifiante sociale et culturelle du paysage britannique.

Poursuivant la valorisation des travaux de jeunes chercheurs, ce numéro d'E-Crini présente l'un des meilleurs mémoires soutenus en 2013 dans le cadre du Master 2 Cultures, Langues et Littératures Étrangères : El País de la Canela de William Ospina: un viaje por los ríos de la identidad de Liliane Mayorga Zequera, dirigé par Sandra Hernandez. Dans « Choses vues, choses lues », le doctorant Bruno Arquié examine le point de rencontre entre discours littéraire et scientifique dans des romans néo-victoriens où l'intertexte darwinien est manifeste. Son questionnement Le darwinisme marque-t-il toujours une ligne de partage entre la culture littéraire et la culture scientifique ? justifie une approche transdisciplinaire.

La rubrique « Événements et agenda du CRINI » vous informera des récentes activités et publications de nos membres et des principales manifestations scientifiques prévues d'ici l'été 2015.

Nous remercions les auteurs de ces contributions riches et variées, ainsi qu'Angélique Renaud pour son précieux travail de mise en forme et mise en ligne.

Très bonne lecture à tous.

Agnès Blandeau et Karine Martin-Cardini
Responsables du numéro

Sommaire

Journées d'études

Meilleurs mémoires de Master 2 Recherche  « Cultures Langues et Littératures Étrangères »

Mis à jour le 01 décembre 2014.
https://crini.univ-nantes.fr/publications-crini/e-crini/n°7