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« John Edgar Wideman and Modernity: A Critical Dialogue » par Michel Feith
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Du 08 mars 2019 au 31 août 2019false false
Michel FEITH
John Edgar Wideman and Modernity: A Critical Dialogue
Knoxville: University of Tennessee Press, 2019.
La carrière de l’écrivain afro-américain John Edgar Wideman est l’une de ces réussites dont s’enorgueillit l’Amérique. Issu d’un ghetto noir de Pittsburgh, il a étudié dans les universités de Pennsylvanie et d’Oxford ; publié son premier roman à l’âge de vingt-six ans ; été récompensé par de multiples prix littéraires prestigieux ; et enseigné dans de grandes universités. Mais son existence a été aussi marquée du sceau de la tragédie : son frère et son fils ont été condamnés à vie pour meurtre, et un des ses neveux est décédé des suites d’une confrontation avec un gang. Sa biographie illustre les limites que les préjugés raciaux apportent aux idéaux américains de liberté et d’opportunité.
La manière dont Wideman affronte les questions de la « race » et de l’identité est nuancée et complexe, prenant la forme de ce que Michel Feith interprète comme un dialogue critique avec la modernité – moment historique qui a donné naissance non seulement aux Lumières mais aussi à l’esclavage atlantique et à l’imbroglio racial. L’analyse prend pour levier l’œuvre maîtresse qu’est Le Massacre du bétail (1996), seul « roman historique » de l’auteur, structuré par l’imbrication de trois fils temporels : l’épidémie de fièvre jaune qui décima la ville de Philadelphie en 1793, la prophétie du Massacre du bétail qui apporta la ruine à l’ethnie sud-africaine des Xhosas en 1856-57, et la situation actuelle dans les ghettos noirs aux Etats-Unis. Stratégiquement situé aux origines de la République américaine, ce roman tend un prisme qui permet de penser la plupart des ouvrages de Wideman et ses principaux centres d’intérêt : la famille, la ghettoïsation, le régime carcéral, l’émancipation, la hantise de l’histoire, et les réseaux de la diaspora noire.
Dans une langue précise non dénuée de complexité théorique, M. Feith propose des interprétations éclairantes et stimulantes des œuvres de Wideman, depuis la « trilogie de Homewood » basée sur son enfance à Pittsburgh jusqu’à son autobiographie plurielle Suis-je le gardien de mon frère ? Si à notre époque dite « postmoderne » les critiques de la modernité sont légion, peu ont la profondeur, la rigueur et l’acuité de John Edgar Wideman.
Feith, Michel, John Edgar Wideman and Modernity. A Critical Dialogue, Knoxville, Tennessee Press, 2019.
John Edgar Wideman and Modernity: A Critical Dialogue
Knoxville: University of Tennessee Press, 2019.
La carrière de l’écrivain afro-américain John Edgar Wideman est l’une de ces réussites dont s’enorgueillit l’Amérique. Issu d’un ghetto noir de Pittsburgh, il a étudié dans les universités de Pennsylvanie et d’Oxford ; publié son premier roman à l’âge de vingt-six ans ; été récompensé par de multiples prix littéraires prestigieux ; et enseigné dans de grandes universités. Mais son existence a été aussi marquée du sceau de la tragédie : son frère et son fils ont été condamnés à vie pour meurtre, et un des ses neveux est décédé des suites d’une confrontation avec un gang. Sa biographie illustre les limites que les préjugés raciaux apportent aux idéaux américains de liberté et d’opportunité.
La manière dont Wideman affronte les questions de la « race » et de l’identité est nuancée et complexe, prenant la forme de ce que Michel Feith interprète comme un dialogue critique avec la modernité – moment historique qui a donné naissance non seulement aux Lumières mais aussi à l’esclavage atlantique et à l’imbroglio racial. L’analyse prend pour levier l’œuvre maîtresse qu’est Le Massacre du bétail (1996), seul « roman historique » de l’auteur, structuré par l’imbrication de trois fils temporels : l’épidémie de fièvre jaune qui décima la ville de Philadelphie en 1793, la prophétie du Massacre du bétail qui apporta la ruine à l’ethnie sud-africaine des Xhosas en 1856-57, et la situation actuelle dans les ghettos noirs aux Etats-Unis. Stratégiquement situé aux origines de la République américaine, ce roman tend un prisme qui permet de penser la plupart des ouvrages de Wideman et ses principaux centres d’intérêt : la famille, la ghettoïsation, le régime carcéral, l’émancipation, la hantise de l’histoire, et les réseaux de la diaspora noire.
Dans une langue précise non dénuée de complexité théorique, M. Feith propose des interprétations éclairantes et stimulantes des œuvres de Wideman, depuis la « trilogie de Homewood » basée sur son enfance à Pittsburgh jusqu’à son autobiographie plurielle Suis-je le gardien de mon frère ? Si à notre époque dite « postmoderne » les critiques de la modernité sont légion, peu ont la profondeur, la rigueur et l’acuité de John Edgar Wideman.
Feith, Michel, John Edgar Wideman and Modernity. A Critical Dialogue, Knoxville, Tennessee Press, 2019.
L'auteur :
Michel Feith est professeur de littérature américaine à l’Université de Nantes. Il a coordonné, avec le Pr. Geneviève Fabre, Jean Toomer and the Harlem Renaissance et Temples for Tomorrow: Looking Back at the Harlem Renaissance. Ses articles ont été publiés dans des revues comme Canadian Review of American Studies, Callaloo, ou la Revue Française d’Etudes Américaines.
Mis à jour le 25 août 2020.